L'observation de lieux architecturaux et urbains et la mémoire de ces lieux qui subsiste en nous, sont au centre de ma pratique. En usant de modes de représentation hybrides alliant l'image et la modélisation, je tente de saisir cette frontière fine entre la trace tangible et physique de ces lieux, et l’empreinte invisible qu’ils laissent. Plus spécifiquement, je m’intéresse à ces questions : Comment lire et capter ces témoins d’existence signifiants que sont les espaces habitables dans lesquels nous vivons ? Puisque chaque fragment de notre mémoire est potentiellement lié à un lieu, comment se construisent les images de ces espaces vécus, rêvés ou imaginés qui constituent notre expérience ?
Ainsi, certains territoires de la cité et certains espaces domestiques, choisis pour valeur symbolique et leurs singularités, éveillent ma curiosité. Ces environnements, intérieurs et extérieurs, peuvent être perçus comme les gardiens de nos souvenirs, architectes du soi. Leur mise en lumière, à travers divers procédés conceptuels, me permet d’élaborer un dialogue fécond entre ces lieux et les notions de frontière dedans-dehors, physique-psychique, tangible-invisible. Concrètement, mes recherches se déploient à l'aide de différents médiums et techniques, notamment le dessin, la photographie, le photomontage informatisé, la fabrication de maquettes et de dioramas, ainsi que la construction de dispositifs architecturaux à plus grande échelle.
Il y a, dans ce processus de pensée et de création, le désir de reconstituer des faits et des lieux de la manière la plus authentique possible, tout en préservant dans leurs mises en scènes particulières une part d’énigme perceptuelle et intellectuelle qui engage le spectateur et lui permette d’interpeller son propre univers personnel. Par cette approche, j’aspire à comprendre et traduire les liens complexes reliant l’espace intérieur de la pensée et de l'affectivité, au monde extérieur – architectural, naturel et social – qui façonne notre existence.